Depuis des siècles, les paysans du Domfrontais produisent le calvados en associant une forte proportion de poires aux pommes à cidre. Les poires semblent être entrées dans la fabrication des Calvados à partir du XIVe siècle. La spécificité du Calvados Domfrontais fut reconnue dès 1942 par une appellation réglementée " Calvados du Domfrontais ". Le Domfrontais est une région qui se caractérise par l'importance des vergers à poiriers. Cette particularité a toujours conféré aux calvados de cette région un caractère unique très apprécié des connaisseurs.

Le système mis en place en 1942 qui reconnaissait une Appellation Contrôlée Calvados du Pays d'Auge et 10 Appellations Calvados Réglementée fut jugé trop complexe. Une réforme intervint en 1984 ; elle supprima les 10 appellations réglementées sous régionales pour leur substituer une nouvelle Appellation d'Origine Contrôlée " Calvados ". Seul le Calvados du Domfrontais, compte tenu de sa notoriété, aurait pu être préservé. Mais à l'époque, les producteurs du Domfrontais n'avaient pas su montrer une volonté suffisante pour définir la spécificité de leur Calvados afin de revendiquer une Appellation d'Origine Contrôlée Calvados du Domfrontais. Ce manque de motivation n'était peut-être pas étranger au fait que la région du Domfrontais était encore le théâtre d'une activité significative de production clandestine. Cette solution ne fut donc pas retenue par la Commission d'Enquête, et seule la mention " production fermière du Domfrontais " pouvait être indiquée sur l'étiquette du Calvados de cette région moyennant le respect de certaines prescriptions.

Quelques-uns déplorèrent cette occasion manquée, au premier rang desquels Jean Pinchon, alors Président National de l'INAO et Président du Bureau National des Calvados, et Alain Lecornu, Directeur du Bureau National du Calvados. Le principe d'une nouvelle réforme d'ensemble des aires des AOC de Calvados ayant été décidé, Jean Pinchon et Alain Lecornu encouragent Christian Drouin, producteur de calvados en Pays d'Auge, à s'intéresser au Calvados du Domfrontais. Ils lui suggèrent d'engager un partenariat avec Les Chais du Verger Normand de Domfront et de motiver les producteurs à créer un syndicat professionnel qui revendiquerait cette appellation. Le Président des Chais du Verger Normand, Maurice Chevret, accueillit ce projet avec enthousiasme. Christian Drouin et Maurice Chevret se mirent alors en quête d'une personne pour conduire le dossier. Il leur apparut que le fondateur des Chais du Verger Normand, le Comte Louis de Lauriston, était particulièrement qualifié pour cette mission : homme généreux et qui aimait sa région, il accepta finalement, se proposa aux suffrages des producteurs et devint le premier président du Syndicat Professionnel des Producteurs de Calvados de Domfront en 1991. Le syndicat transmit le 13 janvier 1992 à l'INAO une demande de reconnaissance en AOC du Calvados du Domfrontais et la Commission d'Enquête présidée par Monsieur Chiron remit un rapport au Comité National en juin 1993 qui concluait sur un avis favorable.

Il faudra toutefois attendre le décret du 31 décembre 1997 pour que cette Appellation soit finalement reconnue. Louis de Lauriston, qui décède en février 1997 n'aura pas vu l'aboutissement de ses efforts. Maurice Chevret accepta la présidence du Syndicat du Calvados Domfrontais, jusqu'à l'obtention de l'AOC et Gérard Leroyer lui succéda en 1998.